Lettres de guerre d’Hendrik Witbooi, capitaine du Grand Namaqualand
La voix d’un chef de guerre du Sud-Ouest africain, avisé et convaincu du bien-fondé de sa résistance à la domination allemande à la fin du XIXe siècle. Un témoignage rare de la colonisation du point de vue du colonisé.
« Jamais de ma vie je n’ai rencontré le Kaiser allemand et je ne peux donc l’avoir offensé en parole ou en acte. Par ailleurs, Dieu nous a donné sur terre des royaumes distincts. Partant, je sais et je crois que ce n’est ni un péché, ni un crime de ma part que de vouloir rester le chef indépendant de mon pays et de mon peuple. Si vous voulez me tuer pour ça, alors que je n’ai pas commis de faute, je n’y vois aucun mal ni aucune honte : je mourrai honnêtement pour ce qui m’appartient puisque vous dites que je mourrai bientôt pour mon indépendance et pour mon royaume. Je ne fais donc rien de mal en ne voulant pas me soumettre à vous. Vos accusations ne font que refléter la partialité de vos propres idées et de vos intentions, et n’ont d’autre fin, tout en faisant la preuve de ma culpabilité, que de vous conférer l’apparence de la vertu et de la vérité. » Hendrik Witbooi à Theodor Leutwein, représentant du Kaiser dans le Sud Ouest africain
« C’est une chance que Witbooi n’ait pas vécu assez longtemps pour connaître le destin de son peuple rouge sous la botte allemande. Vaincre les Hereros sur le champ de bataille et, par la suite, les Namas, s’avéra n’être [pour les Allemands] que la première étape d’un projet plus vaste et plus sinistre : le génocide ». J.M. Coetzee
C’est le livre qui m’a le plus ému cette année. La correspondance d’un chef de guerre à l’ancienne avec un code d’honneur qui tente de s’opposer à la colonisation allemande de ses terres et essaie de dissuader les siens d’accepter la paix que leur proposent les Occidentaux, cette paix qui sera comme le dit le titre, la mort de sa Nation. On voit s’éteindre à petit feu le peuple de Witbooi, à travers les lettres qu’il a écrites entre 1889 et 1905. C’est dans les courriers qu’il adresse aux colonisateurs qu’on sent le plus la tragédie de son peuple, et le fait que plus l’ennemi semble pacifique et plus il va être dangereux et va aller jusqu’à l’extinction de ce peuple. Un très très beau livre, aux éditions le passager clandestin.
Hervé Gardette, France culture
La magnifique correspondance du capitaine de la tribu des Witbooi avec ses ennemis, allemands ou hereros, entre 1889 et 1905.
Claire Devarrieux, Libération
Avez-vous connaissance d’un acteur noir de la vie politique africaine du XIXe siècle qui aurait laissé des écrits témoignant de son action contre les envahisseurs européens ? Non ? Alors, le livre que je vous présente mérite le qualificatif de « plus beau monument de l’histoire africaine du XIXe siècle ».
Raphaël Adjobi, L’Autre Afrik
Préfacé par le Nobel de littérature, J.M. Coetzee, Votre paix sera la mort de ma nation présente les lettres que Hendrik Witbooi, capitaine du Grand Namaqualand, adressa entre 1889 et 1905 aux autorités coloniales allemandes qui voulaient conquérir ce territoire (actuelle Namibie). Opposant une logique de l’honneur et du droit à l’écrasante machine coloniale, le chef érudit s’adresse à ceux qui veulent voler la liberté et l’indépendance de son peuple avec une incroyable courtoisie et des accents poignants.
Anne Pitteloud, Le courrier