Votre paix sera la mort de ma nation

Hendrik Witbooi

John Maxwell Coetzee

16,00

Un témoignage rare de la colonisation du point de vue du colonisé.
ISBN : 978-2-916952-42-0
176 pages
date de parution : mars 2011

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Lettres de guerre d’Hendrik Witbooi, capitaine du Grand Namaqualand
La voix d’un chef de guerre du Sud-Ouest africain, avisé et convaincu du bien-fondé de sa résistance à la domination allemande à la fin du XIXe siècle. Un témoignage rare de la colonisation du point de vue du colonisé.

« Jamais de ma vie je n’ai rencontré le Kaiser allemand et je ne peux donc l’avoir offensé en parole ou en acte. Par ailleurs, Dieu nous a donné sur terre des royaumes distincts. Partant, je sais et je crois que ce n’est ni un péché, ni un crime de ma part que de vouloir rester le chef indépendant de mon pays et de mon peuple. Si vous voulez me tuer pour ça, alors que je n’ai pas commis de faute, je n’y vois aucun mal ni aucune honte : je mourrai honnêtement pour ce qui m’appartient puisque vous dites que je mourrai bientôt pour mon indépendance et pour mon royaume. Je ne fais donc rien de mal en ne voulant pas me soumettre à vous. Vos accusations ne font que refléter la partialité de vos propres idées et de vos intentions, et n’ont d’autre fin, tout en faisant la preuve de ma culpabilité, que de vous conférer l’apparence de la vertu et de la vérité. » Hendrik Witbooi à Theodor Leutwein, représentant du Kaiser dans le Sud Ouest africain

« C’est une chance que Witbooi n’ait pas vécu assez longtemps pour connaître le destin de son peuple rouge sous la botte allemande. Vaincre les Hereros sur le champ de bataille et, par la suite, les Namas, s’avéra n’être [pour les Allemands] que la première étape d’un projet plus vaste et plus sinistre : le génocide ». J.M. Coetzee

Hendrik Witbooi

Né vers 1830 et instruit par des missionnaires luthériens, Hendrik Witbooi est le descendant d'une dynastie de chef Namas venus s'établir en Namibie en 1823. Principal chef Nama depuis 1888, il mène une guerre de résistance face au colonisateur allemand en 1893-1894. Vaincu, il signe un traité de paix qu'il respectera pendant dix ans. Il meurt au combat en octobre 1905, après s'être à nouveau soulevé contre les forces coloniales.

John Maxwell Coetzee

Romancier, prix Nobel de littérature en 2003, J.M. Coetzee est l'auteur entre autres de En attendant les barbares, Disgrâce, Vers l'âge d'homme ou encore Elizabeth Costello. Né en 1940 au Cap, sud-africain d'expression anglaise, descendant de colons afrikaners, J.M. Coetzee se définit comme un « écrivain occidental vivant en Afrique du Sud ». S'il se défend d'être le représentant d'une communauté, il prend parfois explicitement pour toile de fond de ses romans son pays natal et sa réalité politique. C'est donc tout naturellement qu'il a accepté de présenter à la demande du passager clandestin l'ouvrage Votre paix sera la mort de ma nation (collection Les Transparents) d'Hendrik Witbooi, traduction inédite d'une correspondance riche en enseignements sur l'histoire de sa région.

C’est le livre qui m’a le plus ému cette année. La correspondance d’un chef de guerre à l’ancienne avec un code d’honneur qui tente de s’opposer à la colonisation allemande de ses terres et essaie de dissuader les siens d’accepter la paix que leur proposent les Occidentaux, cette paix qui sera comme le dit le titre, la mort de sa Nation. On voit s’éteindre à petit feu le peuple de Witbooi, à travers les lettres qu’il a écrites entre 1889 et 1905. C’est dans les courriers qu’il adresse aux colonisateurs qu’on sent le plus la tragédie de son peuple, et le fait que plus l’ennemi semble pacifique et plus il va être dangereux et va aller jusqu’à l’extinction de ce peuple. Un très très beau livre, aux éditions le passager clandestin.
Hervé Gardette, France culture


La magnifique correspondance du capitaine de la tribu des Witbooi avec ses ennemis, allemands ou hereros, entre 1889 et 1905.
Claire Devarrieux, Libération


Avez-vous connaissance d’un acteur noir de la vie politique africaine du XIXe siècle qui aurait laissé des écrits témoignant de son action contre les envahisseurs européens ? Non ? Alors, le livre que je vous présente mérite le qualificatif de « plus beau monument de l’histoire africaine du XIXe siècle ».
Raphaël Adjobi, L’Autre Afrik


Préfacé par le Nobel de littérature, J.M. Coetzee, Votre paix sera la mort de ma nation présente les lettres que Hendrik Witbooi, capitaine du Grand Namaqualand, adressa entre 1889 et 1905 aux autorités coloniales allemandes qui voulaient conquérir ce territoire (actuelle Namibie). Opposant une logique de l’honneur et du droit à l’écrasante machine coloniale, le chef érudit s’adresse à ceux qui veulent voler la liberté et l’indépendance de son peuple avec une incroyable courtoisie et des accents poignants.
Anne Pitteloud, Le courrier