Économiste, philosophe et théoricien politique britannique, John Stuart Mill (1806-1873) est davantage connu comme l’un des fondateurs du libéralisme social que comme précurseur de l’écologie politique.
Et pourtant, il pressent que vivre sans croissance sera non seulement une nécessité pour éviter à l’humanité un choc social, économique et environnemental, mais également le meilleur moyen de repenser la liberté et l’épanouissement humain hors du consumérisme et des rivalités matérielles. À ses yeux, l’émancipation de tous les individus passe prioritairement par un rapport renouvelé à la vie de l’esprit et à la beauté du monde partagé.
La philosophe Camille Dejardin met ainsi en lumière son « libéralisme utopique », frugal et romantique, qui nous invite à dépasser notre condition de « consommateur-revendicateur » pour retrouver le sens des limites, essentiel à une (co)existence harmonieuse.
L’économiste John Stuart Mill (1806-1873) fait son entrée chez les précurseur·ses de la décroissance. Cette collection des éditions le passager clandestin s’attache à mettre en lumière les auteurs ayant soutenu, bien avant que la décroissance ne devienne un slogan politique, l’idée qu’une croissance infinie n’est pas viable dans le monde fini qui est le nôtre. C’est ce que fait de manière convaincante la philosophe Camille Dejardin, en explorant une part méconnue de la pensée de celui qu’on identifie comme le fondateur du libéralisme social. De son hobby de botaniste à sa redéfinition de la notion même de progrès, en passant par sa pensée d’une transcendance terrestre, l’analyse minutieuse des textes de ce libéral dissident le fait apparaître comme un annonciateur de l’écologie politique.
Sophie Benard, Le Monde des livres
Si Mill croit en la perfectibilité de l’homme, c’est-à-dire en la possibilité pour chacun d’exprimer le potentiel qui lui est propre, il estime que la recherche effrénée de la richesse matérielle risque d’être nuisible à l’épanouissement. L’ouvrage de Camille Dejardin nous rappelle qu’il est possible d’être libéral, tout en prenant au sérieux les questions éthiques et esthétiques.
Kevin Boucaud-Victoire, Marianne