Chroniques des invisibles – De l’exil à Avignon. Récit d’une création

Barbara Métais-Chastanier

19,00

La rencontre improbable entre deux univers – celui du théâtre et de ses feux, celui de la clandestinité et du combat pour sortir de l’ombre – et le parcours initiatique commun qui en a découlé.

ISBN : 978-2-36935-073-6
350 pages
date de parution : mai 2017

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Ils sont les invisibles, ceux que l’administration ne veut pas voir, ceux qu’on parque ou qu’on chasse, ceux qui se lèvent tôt et qui rentrent tard, qui habitent des campements ou des squats insalubres. Ils vivent ici. Ils travaillent ici. Mais ils sont privés d’espace public, évitent les lieux où sont les Blancs et ne fréquentent pas les cafés, les parcs, les cinémas ou les théâtres, par peur des rafles et des contrôles. Parce qu’ils sont sans papiers et sans toit, ils sont sans voix et sans visage. Ils habitent une ville qui double les coutures de celle que d’autres arpentent au grand jour, librement.
En mai 2015, huit d’entre eux ont pris le risque de venir en pleine lumière. Eux, ce sont les « quatre-vingts d’Auber », les habitants d’un squat situé au 81, avenue Victor-Hugo, à Aubervilliers. C’était leur adresse, c’est devenu un spectacle et l’histoire d’une lutte pour la régularisation.

Récit littéraire et enquête anthropologique, Chronique des invisibles raconte cette aventure depuis les premières inquiétudes jusqu’à l’étrange vertige du succès. Il fait le récit de cette création et de cette lutte de deux années qui les aura conduits du squat au Festival d’Avignon.

Ce livre revient sur la rencontre improbable entre deux univers – celui du théâtre et de ses feux, celui de la clandestinité et du combat pour sortir de l’ombre – et sur le parcours initiatique commun qui en a découlé.
C’est un récit vivant sur les porosités de notre époque, les questionnements qu’elle précipite, la conversion du regard qu’elle exige plus que jamais de nous.

Barbara Métais-Chastanier

Née en 1984, Barbara Métais-Chastanier est auteure, dramaturge et maître de conférences. Elle a collaboré comme auteure avec le metteur en scène Keti Irubetagoyena (Embrassez-les tous, Centrequatre, 2012, Il n'y a pas de certitude, La Commune, 2016, La Femme® n'existe pas, 2018). En 2014, avec Olivier Coulon-Jablonka (mise en scène) et Camille Plagnet, elle crée 81 avenue Victor-Hugo au théâtre de La Commune à Aubervilliers. La pièce est ensuite reprise au Festival d'Avignon, à Riga, Marseille et à Paris dans le cadre du Festival d'Automne.

Autrice, dramaturge et maîtresse de conférence, Barbara Métais-Chastanier interroge dans Chroniques des invisibles : de l’exil à Avignon : récit d’une création, l’engagement dans le geste de l’hospitalité, les paradoxes qu’il peut charrier tout comme les stratégies politiques d’invisibilisation des migrants. Ouvrage à la première personne, Chroniques des invisibles relate la genèse et la création de 81, avenue Victor-Hugo. Un spectacle mettant en scène huit comédiens sans-papiers et dont le projet avait permis leur régularisation (un processus devant concerner tous les membres du squat installé au 81, et depuis en suspens).
Comme le raconte Barbara Métais-Chastanier, le livre s’intéresse « aux hors-champs de cette aventure. Aux questions de la frontière, de l’altérité, de la fabrication de la mise à la marge. Il n’y a pas de vies indignes de prendre la parole, en revanche il y a des processus qui travaillent à faire taire des propos ».
Regards


Ce texte, très vivant, entre réflexions de l’auteure et dialogues avec les membres du collectif, permet de saisir les enjeux induits par la construction d’une pièce de théâtre, auxquels sont intrinsèquement liés les destins des acteurs. En effet, quand Barbara Métais-Chastanier, Olivier Coulon-Jablonka et Camille Plagnet rencontrent le collectif du squat de l’avenue Victor Hugo, à Aubervilliers, la majorité de ses membres est sans-papiers. Après les avoir rencontrés une première fois, les trois artistes doivent s’armer de patience pour gagner leur confiance et les convaincre de participer à leur projet théâtral, en s’assurant qu’ils ne risquent pas d’avoir des problèmes avec la justice ou la police.
Les objectifs de cette création théâtrale sont, bien sûr, de faire entendre le témoignage des invisibles, mais aussi, à terme, la régularisation des quatre-vingt membres du collectif, grâce à la pression politique exercée par la médiatisation de la pièce. Quand la création artistique sert un tel but, qui met en jeu les vies des acteurs et de ceux dont ils portent la voix, les tensions sont inévitables. Barbara Métais-Chastanier en a fait un livre qui raconte ce processus très justement, évoquant ses difficultés tout autant que sa joie, à trouver une place parmi ces hommes.
Urbanités