La ligne noire des bisons

John Tanner

Daniel Royot

19,00

« Ce livre extrêmement riche constitue un document historique, ethnologique et humain de premier plan sur le métissage de l’Amérique du Nord et la souffrance des individus tiraillés entre deux cultures. » Livres critique
ISBN : 978-2-916952-62-8
368 pages
date de parution : mars 2012

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En 1789, John Tanner, fils de pionnier européen alors âgé de 9 ans, est capturé dans le Kentucky par des Indiens shawnees, puis revendu à une famille ojibwa. Pendant trente ans, il partage la vie de ces derniers, prend femme parmi eux, devient un chasseur et un guerrier réputé, explore de nouveaux territoires… Son histoire, recueillie en 1830 par le scientifique Edwin James, est celle des derniers feux de la culture indienne et de la naissance de l’Amérique du Nord moderne.

« Tous les canots s’arrêtèrent, et le chef, d’une voix très haute, adressa une prière au Grand Esprit pour qu’il jetât un regard favorable sur notre traversée. Je me souviens que cette invocation du chef au Grand Esprit me parut très expressive et solennelle – les Indiens en semblaient tout émus. Exposés sur un lac immense, dans leurs fragiles canots, ils sentaient vivement leur dépendance du pouvoir qui gouverne les vents et les vagues. J’aurais pu, à chaque instant, fuir les Indiens, mais je croyais mon père massacré, avec toute ma famille, et je savais quelle vie de travail et de privations m’attendait chez les Blancs – sans amis, sans argent, sans propriété, réduit à toutes les misères d’une indigence extrême, je voyais, chez les Indiens, tous ceux que l’âge ou la faiblesse empêchait de chasser sûrs de trouver des secours – je m’élevais aussi dans leur estime, et j’étais pour eux comme un jeune homme de leur race. Je me décidai donc à rester alors avec eux – mais j’avais toujours le dessein de retourner un jour vivre parmi les Blancs ». John Tanner

« Le destin de Tanner est exemplaire dans la mesure où il nous révèle une vérité acquise dans la souffrance, celle d’un homme sorti malgré lui des sentiers battus, tiraillé entre la “civilisation” et la “wilderness”. On saura gré aujourd’hui à John Tanner et à son mentor Edwin James d’avoir préfiguré un courant réaliste sans concession, consacré aux rapports interraciaux dans l’Ouest américain ». Daniel Royot

John Tanner

John Tanner, né en 1780, est le fils d'un révérend de Virginie établi dans le Kentucky après la révolution de 1776. Il est capturé dans le Kentucky par des Indiens shawnees, puis revendu à une famille ojibwa. Après trente ans de vie parmi les Indiens ojibwas, il part à la recherche de sa première famille et renoue avec la langue anglaise. En 1830, il se rend à New York pour présenter son « récit de captivité ». Retourné s'installer à la frontière du Canada, en Ontario, il meurt dans des conditions mystérieuses en 1846.

Daniel Royot

Daniel Royot est Professeur émérite de civilisation et littérature américaines à l'université Sorbonne nouvelle. Spécialiste de littérature et de culture américaines, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont L'humour et la culture américaine (PUF, 1996) et Anthologie de la littérature américaine (PUF, 1998). Il a dirigé un « Dictionnaire des États-Unis » aux éditions Larousse.

Voici l’histoire d’un homme devenu autre, changeant de culture et donc de vision du monde grâce à la réédition d’un témoignage exceptionnel : fils d’un colon européen installé dans l’Ohio (Kentucky) à la fin du 18ème siècle, John Tanner (1780-1846), est capturé à l’âge de 9 ans par des Shawnees (indiens d’Amérique du Nord). (…) Scènes de chasse aux castors, aux ours et aux bisons sous le regard du Grand Esprit et sur celui, plus douteux des trafiquants d’alcool et de fourrure… Le récit magnifique de cet « Indien blanc », au cœur de la région des Grands Lacs puis autour du lac Winnipeg, s’inscrit dans une période charnière de l’histoire des États-Unis (fin 18e – fin 19e siècle), marquant le crépuscule des tribus indiennes d’Amérique du Nord et celle de la montée en puissance des colons.
France inter, un été à lire


L’expérience de John Tanner fut comparable à celle de nombreux sangs mêlés élevés par leurs mères au sein des tribus. Mais, comme le souligne Daniel Royot, « l’épreuve de la captivité chez les Indiens ouvrit à Tanner les yeux sur le monde » ; il sut conserver son esprit critique en toutes circonstances, ce qui confère un intérêt particulier à son témoignage. Ce livre extrêmement riche constitue un document historique, ethnologique et humain de premier plan sur le métissage de l’Amérique du Nord et la souffrance des individus tiraillés entre deux cultures. Les éditions du Passager clandestin ont eu l’heureuse idée de republier son récit sous le titre La ligne noire des bisons – Trente années d’errance avec les Indiens Ojibwa.
Jean-Pierre Gayerie, Livres critiques